Prise au long cours des benzodiazépines et risques d’agressivité

, par  Véronique R. , popularité : 3%

Les anxiolitiques de type benzodiazépine, couramment prescrit aux personnes atteint de trouble schizophrénique, ne devraient pas l’être au long cours car ils sont associé à un niveau d’agressivité plus élevé selon l’enquête paru dans la revue Psychopharmacology.
« L’objectif de ces études n’est pas de stigmatiser, mais au contraire de les aider car ils sont les premiers à se plaindre des effets de l’agressivité sur leur entourage, qui conduit à l’isolement et à la perte d’emploi », insiste le docteur Guillaume Fond, psychiatre et chercheur Inserm (Créteil), premier auteur de la publication. Avec le docteur Laurent Boyer (Marseille), il a analysé les données de 331 patients schizophrènes ayant consulté dans les dix centres experts du réseau FondaMental, sous la direction des professeurs Pierre-Michel Llorca (Clermont-Ferrand) et Antoine Pelissolo (Créteil).

Dans le cadre d’une auto-évaluation :
Trois quarts des participants étaient des hommes, âgés de 32 ans en moyenne. Leur niveau d’agressivité a été auto-évalué avec des questionnaires standardisés. « La schizophrénie est souvent associée à un défaut d’insight, c’est à dire une non-conscience des troubles, mais celle-ci porte principalement sur les idées délirantes et les hallucinations. Les patients sont en revanche souvent parfaitement capable de décrire leurs symptômes dépressifs et agressifs, c’est d’ailleurs surtout une action sur ces symptômes qu’ils attendent d’un traitement » précise le docteur Fond.

Dans cette cohorte, les anti-psychotique de deuxième génération (comme l’olanzapine, la rispéridone ou la clozapine), de loin les plus prescrits, étaient associés à un niveau plus faible d’agressivité physique et verbale que ceux de première génération. Les chercheurs ont aussi évalué les effets sur l’agressivité d’autres médicaments que prennent souvent les schizophrène en plus des anti-psychotiques. Aucun n’a été retrouvé avec les antidépresseurs et les stabilisateurs d’humeur.

Xanax (Alprazolam) et Noctamide (Lormétazépam)


En revanche, les benzodiazépines (Xanax, Valium…), que 28 % de ces patients consomment au long cours pour lutter contre l’anxiété ou les troubles du sommeil, étaient associées à un score plus élevé d’agressivité et notamment de colère. « Notre étude suggère qu’il faut éviter autant que possible ces médicaments sur le long terme. En tout cas, il est important d’évaluer leur rapport bénéfice/risque », note Dr. Fond.
Ces résultats sont une nouvelle pierre dans le jardin des benzodiazépines, famille de médicaments déjà pointé du doigt pour ses nombreux effets secondaires : dépendance et accoutumance, difficultés de sevrage, mais aussi somnolence, coma, perte de conscience, état confusionnel, agitation, désorientation, voire démences et apnées du sommeil… Une liste impressionnante qui n’empêche pas les Français de continuer à adorer ces pilules : en 2014, 7 millions de personnes en ont consommé avec une visée anxiolitique, dont 16 % en traitement chronique (sur plusieurs années), selon la Haute-Autorité de santé.

Le mythe qui fait du schizophrène un meurtrier, bien que battu en brèche par de nombreuses études scientifiques, a toujours la vie dure, et les préjugés sont encore loin de bien vouloir s’effacer ..

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